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Trois films pour decouvrir Jean-Marie Vinclair

Ouest France parle de la soirée cinéma au Café des Images

À l'occasion de l'avant-première de son dernier film Contre-jour, le Café des images propose, vendredi, une rencontre autour de trois courts-métrages du réalisateur Jean-Marie Vinclair.

Portrait

« Tout petit, j'étais passionné par l'enregistrement de voix. Je faisais des parodies d'émissions de radio, mais l'idée, c'était déjà l'enregistrement, la trace... » analyse celui qui partage aujourd'hui son temps entre sa mission au Pôle d'éducation à l'image, de la Maison de l'image, et la réalisation de ses films. En regardant en arrière, il se souvient aussi de l'adolescent en option arts-plastiques du lycée d'Alençon, membre assidu du club vidéo.

« Je filmais en HI8 sur mes temps de pause, pour trouver, je pense, une réponse à la forte sensation de vide que je ressentais. Et cette angoisse de traverser une vie sans laisser de trace ne m'a toujours pas quitté, ce qui explique que mes films tournent beaucoup autour de la mémoire ou de la création. »

« Comme un duo avec Mick Jagger »

En ce qui concerne la création, elle a commencé par la réalisation d'un vrai rêve. Alors qu'il vient de finir un mémoire de maîtrise sur le réalisateur canadien Atom Egoyan, il lui propose une collaboration qu'il accepte tout de suite. « Pour un étudiant de 22 ans, fan post-ado, c'était incroyable, un peu comme si j'obtenais de Mick Jagger de faire un duo avec lui », observe Jean-Marie Vinclair, avec son éternel sens de l'autodérision. En partance clandestine est l'un des trois films que l'on pourra découvrir vendredi soir. L'histoire des trajectoires croisées d'une jeune Française et d'un documentariste (Atom Egoyan lui-même), filmant les lieux de leur rencontre.

C'est ce film, financé miraculeusement, qui lance notre Caennais dans le métier. Il réalise des portraits de jeunes au sein d'une association, « monte à Paris », écrit des projets tous azimuts, y compris une série pour Canal J, tente la Femis (Ecole nationale supérieure des métiers de l'image et du son) deux fois et « découvre la galère, le RMI », jusqu'à l'obtention d'un poste à l'Atelier cinéma de Normandie (Accaan), la structure qui a précédé la Maison de l'Image.

« Il était entendu, dès le départ, que je continuerais à réaliser des films. C'est comme ça que, sur mon temps libre, j'ai pu faire aboutir « La caméra interdite », retour sur la figure complexe de mon grand-père qui m'a transmis une caméra tout en m'interdisant de créer. »

Après un documentaire sur Lewis Evans, alors chanteur charismatique du groupe The Lanskies, Jean-Marie Vinclair met en place un atelier d'acteurs adolescents, en vue de la réalisation de Contre-Jour. « J'ai découvert Lucie Osouf, qui joue le personnage principal, sur la scène d'un spectacle du collège-lycée expérimental d'Hérouville, où elle chantait des chansons d'Higelin. Son énergie, son visage à la Rimbaud et son allure androgyne m'ont tout de suite donné envie de la filmer. »

Elle incarne une adolescente en rupture, qui croise le destin d'une comédienne déchue, rencontre qui va toutes deux les révéler à elles-mêmes. « L'adolescence me passionne. Je l'avais filmée sur un mode documentaire dans Le temps du regard sur le dispositif Collège au cinéma. C'est un âge où les émotions sont à la fois brutes et pudiques. » Rendez-vous demain soir pour échanger sur ces films, avant une soirée « open mic » musicale au rez-de-chaussée du cinéma.

Vendredi 9 décembre, projection de La caméra interdite, En partance clandestine et Contre-jour, à partir de 20 h 30, au Café des images. Tarifs pour la soirée : de 3,50 € à 7 €.