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Article L'oiseau septembre 2016 Contre-Jour

par Damien Houellemare

A l'affiche de cette rentrée, Jean-Marie Vinclair prolonge le rêve adolescent avec Contre-jour, son nouveau court métrage. Fort de son attirance pour le marginal, le réalisateur nous emporte dans un univers noir où se mêlent gros son, bière et poésie.

Introduits sur une scène de poursuite, nous voilà jeté dans les pas de Laura, jeune fille en perdition trop vite balancée dans la vie d'adulte. La journée dehors, la nuit dans un squat, et sans autre source de revenus que ses larcins, elle doit assurer à elle seule la pérennité d'un foyer de trois personnes. C'est à l'occasion d'un cambriolage qu'elle rencontre Claire (interprétée par Claude Alexis), ancienne comédienne dont le goût de vivre s'est enfui avec la jeunesse. Lui vient alors le besoin de faire table rase.

À l'origine du projet, Jean Marie Vinclair évoque l'envie de mettre en scène son quartier, proche de l'Abbaye aux Dames à Caen, et de travailler avec des adolescents. À tâtons, le réalisateur cherche ses acteurs et, presque par hasard, rencontre Lucie Osouf, sa future protagoniste. « C'est son air un peu androgyne qui m'a plu de prime abord. » confie-t-il. « C’est absolument ce côté rebelle et en quête d'identité que je voulais exploiter ; ne lui restait qu'à apprendre à se lâcher. » Seront dès lors mis en place des ateliers de formation qui dureront une année scolaire et qui permettront à Lucie ainsi qu'aux autres juniors de se perfectionner.

Si le scénario en lui-même reste dans les clous et ne défraie pas par son originalité, le court-métrage profite d'un jeu clair et soigné : les trois acteurs principaux sont excellents et nous emportent jusqu'au bout. Mention spéciale adressée à Claude Alexis qui, non-contente de jouer ici son propre rôle, prodigue au surplus les textes poétiques dont est empreinte la narration et dont la sincérité, tant dans l'écriture que dans la récitation, sonne comme un crève-cœur.

Il faudrait aussi reconnaître un travail de réalisation entièrement dédié aux émotions des personnages. la plupart du temps on suit Laura en gros plan au niveau des épaules et caméra au poing sous un jeu d'éclairages dont la maîtrise force le respect pour un film qui se veut à très petit budget : le gyrophare d'une ambulance ou la pâleur d'une lampe-torche qui fuit sur une joue, tant d'effets qui humanisent et colorent le visage de Laura, voulu fermé et peu expressif.

L'avant-première sera pour cet automne au Café des Images et vous promet quelques belles surprises  !

Damien Houellemare

«  Alors tu sors de dessous la couette, tu t'habilles avec soin, tu te maquilles un peu, tu sors de chez toi et là... Patatra. Tu es dehors  ! tu es jolie aujourd'hui, de bonne humeur  ! et là aussi tout le monde s'en fout. C'est ça la solitude.  »

(Claude Alexis)